Charbel : “une année de discernement essentielle”

Né à Zahlé, la quatrième ville du Liban, Charbel est l’aîné d’une fratrie de trois enfants. “J’ai baigné dans la foi depuis tout petit”, explique ce jeune homme à la silhouette élancée et au regard tendre. Passionné de lecture, il affectionne particulièrement les écrits de Sainte Thérèse de Lisieux et aime mettre en pratique les recettes de cuisine que sa mère lui a transmises pendant son temps libre. C’est pour poursuivre ses études de biologie qu’il a quitté son Liban natal pour la France. Il s’installe à Paris pour son master avant de rejoindre Marseille pour préparer une thèse sur les maladies infectieuses, qu’il obtient en 2017. 

Il rejoint alors la paroisse de Notre Dame du Liban (8e) comme animateur de vie paroissiale. “Je suis passé de l’infiniment petit à l’infiniment grand. Je me posais la question de la vie religieuse depuis toujours, cette expérience m’a permis de voir l’Église de l’intérieur”. Mais son envie d’engagement s’est heurtée à la situation difficile de son pays. “En tant qu’aîné, j’ai pas mal de responsabilités vis-à-vis de ma famille qui est toujours au Liban et qui a traversé de nombreuses crises”, témoigne-t-il. L’inquiétude est palpable quand il évoque les affrontements qui ont eu lieu récemment et qui n’ont pas épargné ses proches. Son frère a ainsi dû faire une pause dans ses études, car son université a été la cible d’un bombardement. “Finalement, j’ai décidé d’entrer dans une année de discernement, avec un cœur large et généreux, comme le disait saint Ignace”, assure-t-il. 

Pendant cette année de propédeutique (année de réflexion et de discernement, ndlr) il naviguera entre ses études au séminaire Saint-Luc, à Aix-en-Provence, et son insertion paroissiale à Notre-Dame-du-Mont où il sera en observation et participera à l’aumônerie. “C’est une année essentielle, une coupure du monde tout en étant dans le monde, un avant-goût et une relecture de tout ce qu’on a vécu avant”, estime-t-il.

Pierre : l’année du retour aux sources 

Né à l’hôpital de la Conception, Pierre a quitté le centre de Marseille dans sa petite enfance lorsque sa famille a emménagé à La Bouilladisse. Il se présente comme un “Marseillais de la campagne”, pour qui l’année qui s’annonce marque un double retour. Dans le quartier qui l’a vu naître d’abord : “je n’ai jamais vécu en ville, je découvre la vie citadine”, confie ce passionné de marche en pleine nature, dont la jeunesse des traits cache une longue expérience de vie.

En effet, son stage à la paroisse le ramène à un projet entamé il y a plus de 20 ans. “J’ai fait mes études de droit à Aix-en-Provence, je me destinais à une carrière dans les ressources humaines, à 23 ans, j’ai ressenti l’appel. Après mon service militaire, j’ai fait une année de propédeutique à Toulon en 2000, puis mon premier cycle au diocèse de Toulon, et le second au séminaire d’Aix. Quelques mois avant le diaconat, j’ai senti que le fruit n’était pas mûr, je pensais à la vie monastique”. Il quitte le séminaire et effectue quelques expériences chez les Dominicains avant de s’orienter vers une vie professionnelle plus classique. “J’ai fait quelques petits boulots puis j’ai voulu retrouver une vie pastorale”, poursuit-il. Il officie dès lors comme animateur pastoral dans un lycée puis à la Fondation d’Auteuil dans le pôle de formation et d’insertion des Bouches-du-Rhône. Au total, seize ans se sont écoulés depuis qu’il a quitté le séminaire. “Ce n’était pas une rupture fondamentale, J’ai continué d’accompagner l’action de l’Église”, observe-t-il.

Il prépare une éventuelle reprise de son parcours avec ce qu’il qualifie de discernement “in concreto”. “Je vais partager la vie de la paroisse, les repas solidaires et donner un coup de main au catéchisme et à Massilia spirit”. Il participera également à des activités en dehors de la paroisse : à la clinique Sainte-Elisabeth et au service diocésain de funérailles du cimetière Saint-Pierre. La suite sera éventuellement le retour dans le chemin du séminaire. “C’est dans les mains de Dieu et de l’archevêque”, conclut-il.