“Nous sommes les Marthe et Marie de la paroisse”

Une trentaine de bénévoles assurent cinq jours sur sept l’ouverture de l’église et l’accueil. L’équipe est presque quasiment composée de femmes qui, comme Marthe et Marie dans l’évangile, poursuivent leur mission entre écoute et hospitalité.

À chaque fois qu’elles prennent leur permanence, les bénévoles de l’équipe d’accueil de l’église Notre-Dame-du-Mont passent par une petite porte qui donne sur le côté vers la rue de Lodi. “Ça fait toujours quelque chose”, confie Jacqueline, référente du groupe qui compte une trentaine de membres, dont 20 permanents, presque toutes des femmes. Leur activité s’étend du lundi au vendredi entre 9h30 et 11h30 puis de 15h30 à 17h30 et les samedis matin. Cet après-midi là, elles sont trois dans leur repère, une petite pièce à la décoration minimaliste juste à côté de la réplique de la grotte de Lourdes. À peine arrivées, chacune s’installe autour du bureau sous le regard bienveillant d’une statue de la Vierge à l’enfant. Christiane et Marie-Jo se lancent dans un tri de cartes postales pendant que Jacqueline montre les outils de son équipe. Carnet de liaison, agenda et formulaires de demandes à donner aux visiteurs qui souhaitent communiquer avec les prêtres. Assurer l’accueil c’est aussi veiller à un tas de petits détails : vérifier que le cadenas de la porte d’entrée est bien mis, ne pas oublier d’éteindre la grotte entre deux permanences et ne laisser personne enfermé à l’intérieur quand on s’en va… Mais l’essentiel de leur mission est impalpable. “Déjà s’il n’y a pas d’accueil, l’église est fermée”, note Christiane. “C’est vrai”, abonde Jacqueline avant de citer le Père Alexis : “À son arrivée il nous a dit qu’il souhaitait garder le plus possible la maison de Dieu ouverte, habitée et éclairée. Pour lui, l’équipe d’accueil doit assurer une présence priante et une écoute attentive spirituelle… Sans omettre le réflexe administratif”. 

“Il faut accepter de ne pas pouvoir résoudre tous les problèmes”

Véritable relais avec le prêtre et entre les services, l’équipe d’accueil traite les demandes de certificats de sacrement, les inscriptions aux sorties et recueille les demandes de baptêmes, de mariages ou d’obsèques. Parfois les requêtes sont originales : “on a une case sur le formulaire pour ça”, pointe Christiane. Parmi les cas les plus loufoques, elle cite en exemple la demande d’organiser une exposition, de prendre des photos depuis le clocher ou d’accueillir des répétitions de cornemuse. L’équipe accompagne aussi les demandes plus personnelles. Ce jour-là, une dame passe la porte du bureau pour parler de son amie gravement malade qui vit ses derniers jours et effectue une demande d’obsèque. Avec compassion, les bénévoles lui tendent un formulaire et écoutent son histoire, pas de grand discours, juste quelques mots d’encouragement et l’assurance que sa demande sera transmise. Toutes ont des souvenirs de permanences marquant, parfois douloureux, comme celui d’une personne sans abri en pleurs qui demande de trouver un hébergement ou d’un groupe de migrants mineurs qui a passé une nuit dans l’église l’an dernier. “On accueille avec ce qu’on est et l’expérience humaine qu’on a”, observe Marie-Joseph. “Parfois les gens se confient, il faut être là pour écouter et accepter de ne pas pouvoir résoudre tous les problèmes”, poursuit la bénévole. Pour mieux comprendre leur travail, Jacqueline cite la réflexion d’une de leurs collègues : “un jour Edmonde m’a dit dit que les membres de l’accueil doivent être les Marthe et Marie de la paroisse, en référence aux sœurs de Lazare qui reçoivent Jésus et ses compagnons dans l’évangile selon Saint Luc”, “c’est important de recevoir mais l’essentiel c’est d’écouter la parole”, complète Marie-Joseph.

Entre deux tâches les bénévoles discutent, “on se raconte nos vies”, explique Marie qui assure l’accueil depuis plus de dix ans. Elle s’est investie sur les conseils de sa fille “au début elle m’a forcée”, se souvient celle qui considère aujourd’hui ses collègues comme des amies. Des amies qui cherchent à agrandir leur cercle. “On pourrait se dire que 30 bénévoles ça fait beaucoup”, note Marie-Joseph, “mais avec 11 permanences hebdomadaires et deux personnes par permanence l’accueil mobilise 22 bénévoles par semaine”. Pour les rejoindre, il suffit de vous signaler à la fin de la messe ou d’aller les rencontrer dans leur petit bureau, vous serez bien accueillis. 

Meriem Bioud