L’heure des aurevoirs a sonné pour Anh Linh, petite sœur de Jésus, qui quitte Marseille après quatre années au sein de la fraternité de la rue Eydoux. L’occasion d’évoquer son parcours, ses projets mais aussi la barrière de la langue et les rencontres en profondeur qui permettent de la dépasser.
Une pièce remplie d’amis et de nourriture à partager. C’est la scène qu’offrait le salon de la maison des petites sœurs de Jésus, rue Eydoux, dimanche dernier pour la fête de départ d’Anh Linh. Dans l’assemblée des voisines, des amies de la communauté Vietnamienne, des paroissiens, et bien sûr sœurs Monique, Louisa, Néomie et Constance dont elle a partagé le quotidien depuis son arrivée en France, il y a tout juste quatre ans et Anna Toi, arrivée en septembre.
À 43 ans, elle a déjà 19 ans de vie religieuse derrière elle. “La religion c’est un don de Dieu, c’est aussi ma vocation. Vers l’âge de six ans j’ai su que je voulais devenir religieuse et j’ai fait des études pour ça. J’ai commencé au Vietnam, puis j’ai été à Rome, à Marseille et les trois derniers mois, au Maroc. C’est la vie que j’ai choisie, la fraternité est ma famille”.
Les expériences à l’étranger sont incontournables pour l’ordre dont elle fait partie. Fondé par sœur Madeleine, il s’inspire du parcours de Charles de Foucauld, revenu tardivement au catholicisme de son enfance, devenu prêtre et ami des Touaregs. “On s’ouvre à la fraternité, à quelque chose de différent. Souvent la différence fait peur mais c’est une richesse”, observe sœur Monique.
Vivre en profondeur
La responsable de la fraternité se souvient encore de leur rencontre. “La première année elle est surtout allée à l’école, après on a pu se raconter pas mal de choses. Ce qui m’a frappée c’est que c’est quelqu’un de très doué manuellement, en cuisine, en couture, en menuiserie… “C’est pas grand chose, c’est la vie”, tempère Anh Linh à ce sujet. Elle salue de son côté le soutien des petites sœurs dans l’apprentissage du français. “Ce n’est pas facile, elles ont été très patientes”. En dépit des difficultés de communication, elle s’est investie dans le service d’accueil de l’église et dans celui d’accueil des gens de la rue à la paroisse St Joseph. Beaucoup ont par ailleurs observé la qualité des liens que crée Anh Linh : “elle vit en profondeur”, note sœur Monique. “Elle a cette grâce de l’attention aux tout-petits”, complète Jeane Tellier.
De retour au Vietnam, Anh Linh devrait faire un passage dans la fraternité d’Ho Chi Minh ville avant d’être affectée dans un des huits pôles locaux. En souvenir, elle a offert à ses amis marseillais des bracelets de perles colorées faits par ses soins, avec une image de la vierge Marie et de Jésus au centre. Après son départ, elle porte un souhait pour la communauté de Notre-Dame du Mont : “Je souhaite que tout le monde vienne et sente que la paroisse est comme sa famille. C’est ce que j’ai ressenti et vécu”.
Propos recueillis par Meriem Bioud
