Conférence animée par Pierre Arnoult
Dans quelques jours nous allons célébrer le 107ème anniversaire de l’armistice du 11/11/1918.
Depuis la loi du 24/10/1922 cette journée est un jour férié afin que la nation tout entière rende hommage dans chaque commune aux morts pour la France.
Cette journée s’inscrit dans un ensemble plus vaste de gestes mémoriels que je vais évoquer rapidement.
Au sortir de la guerre de 14/18, et en particulier à partir des années 1920, de nombreuses marques de mémoire se sont matérialisées sous de nombreuses formes. Partout en France dans chaque ville et chaque commune ont été érigés des monuments aux morts.
Sur les champs de bataille où les hommes sont tombés on trouve des cimetières militaires, des nécropoles, des ossuaires comme celui de Douaumont (1) dans la Meuse ou de l’Hartmannswillerkopf en Alsace (Vieil Armand).
(1) Inauguré en 1932. Contient les restes de 130 000 soldats Français et Allemands. La nécropole située face à l’ossuaire aligne 16 412 tombes de soldats français. Ces marques de mémoire se sont aussi matérialisées dans les lieux de culte sous plusieurs formes.
1 – Les plaques commémoratives dans les églises
C’est dès 1915 que le cardinal Sevin, archevêque de Lyon, voulut que les communautés chrétiennes fassent mémoire dans leur prière, de ces hommes qui ont donné leur vie pour leur pays. Souvent on ne se souvient que des « grands », des chefs. Le Cardinal voulait que la paroisse se souvienne de tous ses enfants du plus petit au plus gradé.
« Gravez les noms de vos morts bien-aimés sur les murailles de vos églises. » Ces soldats ont pour beaucoup puisé leur force dans l’Eucharistie. « Leurs noms, près de l’autel, seront comme une action de grâce au Dieu qui les a soutenus et comme une prédication quotidienne à ceux qui les ont aimés. »
La demande du Cardinal a été entendue. A la fin de la guerre un grand nombre d’églises a ainsi gravé sur leurs murs les noms des paroissiens, membres de la commune, ville ou village. Voilà un riche patrimoine religieux, très varié, que bien souvent par habitude on ne voit plus.
2 – Les vitraux commémoratifs ou vitraux du souvenir :
Un vitrail du souvenir est un vitrail commémorant des soldats décédés au cours d’une guerre. Ces formes particulières de monuments aux morts se rencontrent principalement dans certaines églises de France, en souvenir de la Première Guerre
mondiale.
Les vitraux du souvenir (également appelés vitraux des morts, de guerre ou patriotiques) sont les équivalents chrétiens des monuments aux morts érigés dans les communes françaises au sortir de la Première Guerre mondiale.
Après cette introduction nous allons nous pencher sur les plaques commémoratives de l’église Notre Dame du Mont.
Mais avant d’aborder la plaque consacrée aux morts du cercle St Etienne je vais évoquer rapidement la mémoire de 2 séminaristes de la paroisse Notre Dame du Mont qui ont donné leur vie pour la France.
L’abbé Jean Marie MOUTTE né à Marseille le 05/02/1893 et demeurant au 80 rue Nau en 1913. Il est alors Diacre après 4 années au grand séminaire. En 1915 il sert à la 15ème section d’infirmiers militaires.
Il décèdera par éclat d’obus loin des siens le 12/06/1918 en Serbie.
L’abbé François MICHEL. Né à Marseille quartier de Montolivet le 10/04/1896. Il était domicilié au 14 rue St Michel. Il va passer 6 ans au petit séminaire puis entrer pour peu de temps au grand séminaire pour cause de mobilisation. Après un passage dans plusieurs régiments il rejoint en 09/1916 le 279ème RI.
Il est tué le 30/07/1918 d’une balle en plein front à FERE EN TARDENOIS DANS L’AISNE.
Tout d’abord l’on trouve à l’entrée de l’autel de la Vierge, une plaque intitulée « Grande guerre de 1914 – 1918 hommages de reconnaissance de la paroisse à Notre Dame du Mont ». Suivi du texte « Mère vous nous avez assistés dans l’angoisse : par vous dans les périls nos cœurs restèrent forts. Vierge du Mont, gardez toujours notre paroisse. Bénissez nos enfants et veillez sur nos morts ».
Les plaques commémoratives se trouvent à gauche de l’entrée de la sacristie près de l’autel de st ETIENNE. Elles sont au nombre de 6 dont 3 individuelles. Elles mentionnent le nom de 27 soldats morts pour la France.
Définition d’un cercle : Association de personnes réunies en vue d’activités communes d’ordre intellectuel, artistique ou récréatif. Un tel cercle existait à la rue Eydoux avant le déclenchement de la guerre.
La plaque comporte le nom de 5 soldats et la mention « Vous qui les avez aimés sur cette terre ne les oubliez pas. Intronisez-les par vos prières dans la sainte patrie »
NB : Aucun renseignement trouvé sur Pierre PONTIER
FICHE 1 – HONORE ANTONIN MARIE COLLOMP
Honoré est le grand-père de Michel COLLOMP
Le 14/06/1881 naissait à MARSEILLE Honoré Antonin Marie COLLOMP fils d’Etienne Frédéric COLLOMP négociant en Huiles et de Marie Dorothée BERENGER.
Honoré exerce la profession de fondé de pouvoir chez un transitaire du port de Marseille et demeure au 1 rue Goudard à Marseille.
Ajourné en 1902 et en 1903 il est déclaré bon pour le service en 1904 et incorporé en 10/1904 au 111ème RI cantonné à ANTIBES. Il est rendu à la vie civile en 09/1905.
Le 11/10/1910 a lieu en l’église St MICHEL le mariage d’Honoré avec Madeleine JEANJEAN fille de Louis JEANJEAN ébéniste et de Rosalie GARNERIO. Le couple aura deux fils Frédéric né en 1912 et Paul Marie né le 10/05/1918 père de Michel COLLOMP.
A la mobilisation il rejoint le 04/08/1914 le 111 RI son ancien régiment. C’est la fleur au fusil, le cœur gonflé d’orgueil pour la mère Patrie, que les hommes du 111ème RI ont quitté Antibes, répartis dans trois trains, au petit matin du 9 août 1914. En fait, le 111e RI embarquait pour le… déshonneur. Nous verrons pourquoi en 1916 à VeRDUN.
Le régiment va participer à de nombreuses batailles :
1914 – Lorraine, Alsace, la Marne. Honoré est nommé caporal
1915 – Meuse et haut Alsace. Honoré est nommé sergent.
1916 – Bataille de Verdun. Lors des combats sur la rive gauche le régiment est accusé d’avoir insuffisamment résisté lors de l’attaque par les Allemands du bois de MALANCOURT le 20/03/1916 et accusé de trahison collective. Le régiment aura cependant perdu 1 200 hommes.
Le général de la 19ème division a déclaré « les prisonniers non blessés devant à la fin de la guerre être traduits en Conseil de guerre ». Le 5 avril 1916, le 111e RI d’Antibes est réorganisé.
En 01/1917 Honoré passe au 414ème RI. A cette époque il était domicilié au 17 rue Tilsit.
1917 – Somme et chemin des Dames – 1918 – Bataille de Reims – Flandres
Le 25/04/1918 les Allemands s’emparent du mont KEMMEL dans les Flandres en Belgique. Le régiment est alerté et doit, le 26 attaquer pour dégager le Mont Kemmel. Quelques jours avant l’assaut Honoré dans une lettre écrite à sa famille pressentait qu’il allait peut-être ne pas survivre à cette bataille.
A 3 h 10, l’attaque se déclenche, l’ennemi attaque de son côté. La fusillade est violente, le bombardement des plus intenses. Les vagues ennemies se succèdent sans interruption.
L’ennemi veut en finir il veut les Monts des Flandres Mais le régiment se défend avec la dernière énergie. La bataille dure quatre jours sans un instant d’interruption. Chaque fois qu’un peu de terrain est perdu, il est repris à la baïonnette.
Mais tout est vain « Les Monts des Flandres » restent inviolés. Le 414e avait perdu dans cette bataille 1 400 hommes, dont 42 officiers.
C’est lors de cette journée du 26/4 qu’Honoré est à 15h grièvement blessé par balle de mitrailleuse après une contre-attaque à la baïonnette sur le versant Ouest. Il est évacué au poste de secours principal de PONT DE NIEPPE ville frontalière de la Belgique où il décèdera à l’âge de 37 ans.
Il est à noter que la ville était occupée par les Allemands qui avaient chassé la 34ème division le 11/04/1918.
Honoré est cité à l’ordre du régiment « Bon sous-officier ayant toujours accompli vaillamment son devoir. Grièvement blessé le 26/04/1918 à LOCRE. Mort en captivité (1) des suites de ses blessures »
Le poste de secours étant aux mains des Allemands il est considéré comme prisonnier par les autorités militaires françaises.
Décoration : médaille militaire avec étoile de bronze.
Il laisse une veuve qui accouchera quelques semaines plus tard de son second fils. Il sera inhumé à Marseille le 05/11/1921 au cimetière St Pierre.
PAROLES DE POILUS – LES BOMBARDEMENTS
Au bois des Corbeaux (meuse), au début de mars, ça tombait de tous les côtés, on était tué sans même savoir d’où le coup était parti. Le bruit avait couru parmi nos hommes que le bombardement allemand durerait 100 heures et tous attendaient, avec une impatience mêlée d’anxiété, la fin de ces 100 heures. Mais les 100 heures passèrent et le bombardement, loin de diminuer, continuait toujours. Il devait continuer toute l’année. «
FICHE 2 – GEORGES LORIT
De son vrai nom PASQUIER Georges Maurice dit « LORIT » il est né à MARSEILLE le 02/10/1888 sous la présidence de Sadi Carnot.
Il est l’enfant naturel de Marguerite PASQUIER. Il habitait avec sa mère au 50 de la rue des Minimes (actuellement rue des 3 frères Barthélémy) et exerçait la profession d’employé de bureau.
Incorporé le 08/10/1909 il effectue son service militaire au 17ème RI cantonné à GAP. Il terminera son service avec le grade de Sergent et mis en congés le 24/09/1911.
Il est rappelé le 01/08/1914 au 17ème RI son ancien régiment cantonné dans les Vosges.
Avec ce régiment il combattra de 1914 à 1916 dans les Vosges et participera aux batailles de la Marne, de Verdun et de la Somme.
Il passe ensuite le 01/06/1916 comme simple soldat au 21me RI qui participe à la bataille de la Somme. Il regagnera ses galons de caporal puis de sergent.
Dans la nuit du 21/08/1916 le 2ème bataillon effectuant des travaux de consolidation d’une position prise à l’ennemi dans le bois du Schleswig dans la Somme est surpris par une contrattaque et perd le gain de son avance et subi des nombreuses pertes. Le combat sanglant coûtait au 21ème : 1 officier tué ; 3 officiers disparus dont 2 grièvement blessés et 249 tués, blessés ou disparus.
Georges est cité à cette occasion à l’ordre de la brigade le 21/08/1916 « bon soldat le 21/08/1916 a fait preuve de courage et d’un remarquable sang-froid pendant une contre-attaque Allemande »
On estime que 66 688 français ont été tués au cours de la bataille de la somme pour un gain de 12 kilomètres.
En mai/Août 1917 le régiment participe à la bataille du chemin des dames. Georges va y perdre la vie à l’âge de 29 ans le samedi 20/10/1917 à MISSY SUR AISNE dans la région de SOISSONS par bombe d’avion. On estime que 200 000 soldats ont été tués en 2 mois de combats.
Il est inhumé au cimetière de MISSY.
Il sera décoré de la croix de guerre.
PAROLES DE POILUS – LA TRANCHEE
Depuis quatre jours, nous sommes enfouis dans nos trous. Nous utilisons une boîte de sardines pour verser lentement nos excréments en dehors des trous. Je sens ma résistance diminuer, mais je ne songe pas à quitter mes camarades ; du reste, ce n’est pas le moment.
FICHE 3 – LEON VICTOR DIEUDONNE SUDRE (é)
Son père Vital Dieudonné Félix SUDRE (é) originaire du Tarn et Garonne était militaire de carrière, chef de bataillon, commissaire du gouvernement près le conseil de guerre de Grenoble, officier de la légion d’honneur.
Sa mère Marguerite Stéphanie Léontine BAJOLLE est née à Marseille au 15 bd Notre Dame en 1859.
Léon n’est pas né à Marseille mais à BRUYERES dans les Vosges le 03/06/1889 ou son père se trouvait en garnison.
Le 05/10/1910 il est appelé au service militaire au 61ème RI. Il est alors étudiant à AIX EN PROVENCE et réside au 9 rue Villeverte. Ses parents résident à AIX au 42 rue de Minimes.
Mis en disponibilité en 1912 avec le grade de caporal.
A la mobilisation Léon rejoint son ancien régiment le 61ème RI en garnison à AIX EN PROVENCE.
En 09/1914 arrivé dans la région de Bar le Duc (Meuse), le 61ème attaque à la ferme de la Maison-Blanche, puis au bois d’Andernay.
Il est tué à l’ennemi le 15/09/1914 (porté disparu) à l’âge de 25 ans au combat de la ferme de la maison blanche.
La ferme de la Maison Blanche qui comprenait plusieurs corps de ferme et solides bâtiments à murs épais avait été organisée par les Allemands en blockhaus très puissant. Le plateau lui-même formait une vaste clairière entourée de bois. La lisière des bois en arrière réservait à l’assaillant de la ferme une 2e étape sous un feu rasant de tranchées basses sous le taillis. C’était un type d’organisation hâtive, très judicieuse et surtout meurtrière.
Les unités françaises engagées ont eu des pertes de plus de deux cent hommes lors de cette attaque.
Léon est inhumé au cimetière de CONTRISSON (Meuse) commune située à 17 km de BAR LE DUC.
PAROLE DE POILUS
Sans aucun ravitaillement depuis deux jours, rien de chaud au corps, je suis privé d’eau pour ma bouche, non guérie d’une ancienne blessure et qui s’infecte. La dysenterie me prend et il faut avoir vécu des jours entiers, assis ou debout dans un trou humide au milieu d’odeurs épouvantables, pour savoir ce qu’est la vie d’un soldat perdu entre les lignes de Verdun
FICHE 4 – HENRI DIEUDONNE HERAUD
C’est à GENTILLY commune du VAL DE MARNE (ex SEINE) qu’Henri nait le 18/10/1893.
Ses parents Alfred HERAUD et Marie Barbe née LELIEVRE exercent la profession de marchands de vin.
On retrouve la trace d’Henri à Marseille en 1913 où il exerce la profession de comptable et demeure rue d’Aubagne.
Le 29/11/1913 il est incorporé au 157ème RI et classé dans le service auxiliaire pour faiblesse.
Un conscrit est déclaré ajourné pour faiblesse en fonction d’un indice qui est le rapport entre le poids, la taille et le périmètre thoracique. Lorsque l’indice est supérieur à 30 on ajourne.
A sa propre demande il est classé au service armé le 18/09/1914. Aux armées, cad sur le front, le 20/09/1914 il rejoint le 157ème RI en garnison à Barcelonnette.
Henri va suivre son régiment d’abord en Meuse dans le secteur de st MIHIEL puis en Novembre en Belgique.
Toute l’année 1915 verra le régiment combattre en Meuse.
En 1916 le régiment combat à Verdun du 28/03 au 11/04 dans le secteur d’Avocourt. Lors de l’attaque du réduit d’Avocourt le 29/03 Henri est tué à l’ennemi à l’âge de 22 ans.
Ce 29/03 à 3 heures du matin les soldats sont réveillés. Il fait froid et la neige s’est mise à tomber en abondance. Deux bataillons du 157 RI vont participer en 1ère ligne à l’attaque
A 4h30 les assaillants s’élancent vers le bois d’Avocourt où s’est retranché l’ennemi et bénéficient de l’effet de surprise. Le réduit est pris en 30 mn.
Toute la journée les assaillants tiendront le réduit malgré un violent bombardement et 5 contre-attaque Allemande. Le général Pétain enverra au régiment un télégramme de félicitation.
144 de ses frères d’arme perdront la vie lors de cette attaque.
PAROLES DE POILUS – LA TENSION NERVEUSE
L’extrême fatigue, le manque prolongé de sommeil, la continuelle tension nerveuse, engendrent quelques cas de folie et de nombreux cas d’exaltation et de demi folie.
Je rends compte à mon lieutenant que nous avons fait un Allemand prisonnier et le lieutenant me répond, en colère : « C’est honteux, vous serez puni. » Puis il se met à pleurer et il me demande pardon, disant qu’il n’en pouvait plus de fatigue, qu’il n’avait pas dormi depuis quatre jours.
Quand je dis au sergent que trois hommes de l’escouade sont ensevelis dans l’abri, il répond en riant : « Très bien, très bien, ça vous fera du rab de pinard. » Quand je lui ai répété le lendemain ce qu’il avait dit, il ne voulait pas me croire.
Nous allons évoquer maintenant quelques soldats n’appartenant pas au cercle Etienne dont les noms sont gravés sur les plaques commémoratives
FICHE 5 – EDMOND EUGENE MARIE JOSEPH BOYER
Parent de la famille de Patrick GEEL par alliance. La famille BOYER habitait au 9 rue des minimes et c’est là qu’est né le 06/07/1889 Edmond.
Son père Jean Marie Michel exerçait la profession d’avocat. Il avait épousé Edmée MAUPOINT DE VANDEUL issue d’une famille les plus anciennes de Flandres
De la rue des Minimes la famille déménage au 12 rue augustin Fabre, adresse à laquelle Edmond reçoit sa convocation pour le service militaire. Il et alors étudiant dans une école d’ingénieur. D’abord sursitaire il est incorporé le 10/10/1912 au 58ème RI en garnison à Avignon. Il accède au grade de caporal en 04/1913.
En 04/1914 il passe au 97ème RI Alpin en garnison à CHAMBERY avec le grade de Lieutenant de réserve.
Quelques semaines après la mobilisation le régiment part combattre en Alsace.
Le 19/08/1914 l’ambiance est encore joyeuse, on n’a pas encore vu l’ennemi. Le régiment marche d’un pas alerte et accentue fièrement le pas dans la traversée des bourgades. Le régiment approche de ZILLISHEIM quand soudain dans le ciel bleu un flocon blanchâtre a surgi bientôt suivi de plusieurs autres et dans le lointain se succèdent maintenant des détonations affaiblies.
Devant le régiment s’étend un plateau que domine au fond une colline boisée au-dessus du village de Flaxlanden
La troupe va subir une véritable hécatombe. Les balles commencent à siffler. Les hommes touchés disparaissent en tombant dans les champs d’avoine. Les soldats tombent, les officiers tombent.
L’ennemi est caché dans les bois et invisible. On avance par bonds, la musique joue la charge, mais que faire contre les mitrailleuses. Les soldats se font massacrer.
La bravoure de tous a confiné à la folie, folie de l’héroïsme, folie du sacrifice et seuls sur le plateau où parmi les avoines, les képis et les capotes des morts et des blessés, coquelicots (1), bleuets (1) dans la moisson jettent des notes riantes, des groupes épars sans chef pour la plupart tâchent d’arrêter l’ennemi.
Fait référence aux pantalons rouges et aux capotes bleues des soldats qui n’ont pas encore la tenue bleu horizon.
La lutte cesse, il n’y a plus de bataillons, plus de compagnies pas même de sections.
On comptera plus de 600 morts sur les pentes du GEISSBERG.
Sur les 4 compagnies engagées seule la 2ème était à peu près indemne au cours de cette journée qui n’eut pas de lendemain. En effet les Allemands se dérobaient dans la nuit et le 20, le 97e recevait l’ordre d’aller s’embarquer en toute hâte à Mortemart, pour une direction inconnue.
Au cours de l’assaut Edmond est grièvement blessé par un éclat d’obus au côté. Il attendit longtemps l’arrivée des brancardiers.
Edmond a peut-être été touché par notre propre artillerie. En effet le journal de marche et opérations du 97ème RI indique qu’à 14 h « l’artillerie enfin donne le feu mais si les 1ères gerbes sont bien dirigées, les secondes tombent sur les troupes du 97ème garnissant la crête »
Le lundi 24 dans l’après-midi il est transporté à l’hôpital civil de BELFORT où il décède le 25/08 à l’âge de 25 ans.
L’aumônier militaire qui a assisté à son agonie a écrit une lettre touchante aux parents d’Edmond.
Je cite 2 extraits de cette lettre
« Quelle tranquillité d’âme, avec quelle paix, avec telle acceptation de ses cruelles souffrances, avec quelle générosité dans son sacrifice, il s’est endormi »
« Dites bien à Mme Boyer que votre fils est parti de la mort la plus sainte qu’on puisse rêver en faisant avec joie le sacrifice de sa vie. Je vous demande la permission de considérer votre deuil comme le mien. Je suis le dernier ami d’Edmond ».
Edmond a été cité à l’ordre de l’armée « a entraîné sa section à l’assaut d’un retranchement allemand au cours du combat de FLAXLANDEN le 19/08/1914 en s’écriant en avant pour la France »
Edmond a d’abord été inhumé dans un cimetière militaire avant d’être rapatrié à MARSEILLE et être enterré dans le caveau familial de la famille BOYER.
Une plaque commémorative a été posée par ses parents sur la façade de l’immeuble de la rue Augustin Fabre où il résidait.
Décorations : croix de guerre – légion d’honneur.