« Mon Tout-Petit, mon cœur étonné devine ta présence au creux de mes entrailles, et j’ose à peine laisser jaillir les prémices de cette joie débordante, à l’idée de te découvrir Face à face.
Pour l’heure, je t’attends.
Je T’espère, mon Seigneur, de toute mon âme.
Je t’espère, et je te cherche dans ta Parole. Elle a une saveur nouvelle. J’y cherchais hier le Très-Haut, j’y découvre aujourd’hui les traces du Très-Bas.
Je la rumine et je la savoure, patiemment, dans le silence. J’ai tant de temps pour apprendre à me laisser habiter par Toi.
Dès le matin, ma prière te cherche. C’est dans ta Parole que j’apprends à te connaître : en mon sein tu es si petit. Et c’est en moi que je te rencontre, et que déjà je t’adore. Mon Tout-Puissant.
Et au long des jours, insensiblement, ma vie se transforme pour pouvoir t’accueillir.
Puisque ce dont je me nourris te nourrit, je veille à n’en garder que le meilleur. Puisque tu ressens et vis désormais tout ce que je vis, je désire n’en garder que le plus beau, et le vivre plus intensément.
Tout ce que l’on fait, on le fait pour les enfants.
Et ce sont les enfants qui font tout faire.
Tout ce que l’on fait.
Comme s’ils nous prenaient par la main.
A vivre pour toi, mon enfant Bien-Aimé, je crois bien que je te ressemble chaque jour davantage. A Toi qui m’a créée à ton image, et qui portera les traits de mon visage.
Au fil des jours, des semaines, des mois, je t’attends.
Mon âme s’épuise à désirer les parvis du Seigneur, mon cœur et ma chair sont un cri vers le Dieu vivant.
En moi grandit le désir de te rencontrer. En moi s’élargit l’espace que déjà tu occupes. Elle n’est pas stérile, mon attente, elle n’est pas vaine, mon espérance, car déjà tu es là, et déjà tu réponds à l’attente de ton peuple. Mes yeux devancent la fin de la nuit, et je médite sur ta promesse.
Je murmure ton Nom : Emmanuel. Délivrance annoncée, Sauveur attendu, te voici donc.
Je murmure ton Nom dans les rues de Nazareth, je le chante aux tourterelles qui visitent mon jardin, et en moi grandit encore ta lumière, et je te porte en tout lieu de cette ville, chez les tiens qui un jour prochain te recevront.
Puisqu’ils sont tiens, ces hommes et ces femmes qui nous entourent, ils deviennent un peu mes petits. En eux je te cherche, en eux je te trouve. Chez eux je te mène, et je me nourris de la lumière que déjà tu as déposée en chacun d’eux. De ta ressemblance, en leur cœur. Je me laisse saisir par ces rencontres, et je te reconnais dans les chemins mystérieux de leur vie.
Donne-moi, Seigneur, un cœur qui les écoute, qui prend le temps d’attendre que grandisse la relation, qui laisse croître le bon grain. Grandit encore en moi, pour que ta douce et chaude lumière vienne révéler le plus beau en chacun.
Il grandit, le fruit de mes entrailles.
Que sera cet enfant ? Que seront les jours de sa vie près de nous ? Pour lui donner la vie, jusqu’où devrai-je donner la mienne ? Jour après jour, nuit après nuit, à rester éveillée et en tenue de service ?
A vivre près de Lui, à vivre pour Lui, quel glaive me traversera l’âme ?
Moi, je suis sûre de toi, mon Tout Petit, mon Seigneur.
Je dis : « Tu es mon Dieu », et mon cœur tressaille.
Mes jours sont dans ta main, sauve-moi des mains hostiles qui s’acharnent.
Sur ta Servante, que s’illumine ta face.
Viens, Seigneur ! »
Chers frères et sœurs paroissiens, dans ce temps de l’attente, que la Vierge Marie soit notre guide et notre modèle, pour que nous fassions nôtres les mots qu’elle aurait pu prononcer.
*merci au roi David pour ses psaumes, ainsi qu’à Christian Bobin et à Charles Péguy.